A l’assaut des « Garo Hills » !

Une cabane perchée au-dessus d'une plantation

Une cabane perchée au-dessus d’une plantation

Il me restait quelques jours à passer au Meghalaya, après avoir exploré les « Khasi Hills » et avant de m’envoler vers Madras, au sud du pays, pour la dernière étape de mon voyage. J’ai décidé d’en profiter pour aller découvrir une autre tribu du Nord-Est de l’Inde : les Garo.

Alors que les Khasi appartiennent à la famille khmère, les Garo sont de souche tibéto-birmane. Ils habitent dans les collines du sud-ouest du Meghalaya, à 5 heures de route de Guwahati. Comme les Khasi, ils se sont massivement convertis au christianisme, sous l’influence de missionnaires (baptistes, et non presbytériens cette fois).

Toutefois, une partie d’entre eux continue à pratiquer la religion tribale traditionnelle. C’était le cas dans le village que j’ai visité, celui de Sadolpara.

J’y ai été impressionnée par la longueur des maisons, faites de bois et de bambous tressés. Elles sont construites autour d’un foyer central et décorées d‘empreintes de doigts faites avec de la poudre de riz. Des plumes ornent souvent l’entrée principale, tandis des trophées de cervidés sont accrochés dans la sorte de véranda qui occupe l’arrière de la maison.

Accompagnés par deux fonctionnaires qui me servaient de guides, j’ai été très bien reçue par les habitants, qui m’ont fait boire de la bière de riz et m’ont même invitée à déjeuner. Le repas se composait de riz, de purée de courge et d’une tasse de miel venant directement de la forêt, le tout arrosé de bière de riz (que j’ai fait mon possible pour ne pas boire, car la nourriture très épicée et l’odeur douçâtre de la bière de riz mettaient mon estomac à rude épreuve !).

Déjeuner dans une famille garo ! Attention les papilles !

Déjeuner dans une famille garo : attention les papilles !

Un peu plus tard, nous avons rencontré une femme âgée qui nous a montré la statue érigée en mémoire de son fils, mort quelques mois plus tôt. Coiffée d’un parapluie, la statue était aussi garnie de tout ce dont l’homme pouvait avoir besoin dans l’au-delà : des paquets de biscuits, du riz, une gourde de bière de riz, du bétel, du riz…

La dame semblait fière de la monter et, malgré ma gêne initiale, a insisté pour que nous soyons prises en photo toutes les deux devant la statue.

La statue en mémoire à un fils décédé

Une statue en mémoire à un fils décédé

La statue en mémoire à un fils décédé

Une statue en mémoire à un fils décédé

On m’a également montré une sorte de « Y » de bois planté au milieu du village, qui sert de billot pour décapiter les vaches lors de fêtes religieuses, et le bâtiment dans lequel la justice est rendue. Comme chez les Santal du Bengale occidental, la justice coutumière du village semble prévaloir sur toute autre forme de loi.

Les Garo pratiquent ce que les Indiens appellent « Jhum cultivation », la culture sur brûlis. Ils défrichent un pan de colline, y mettent le feu, puis y cultivent du coton, des courges et divers autres légumes, des piments, du gingembre… Si j’ai bien compris ce que l’on m’a expliqué, une fois que la parcelle ne peut plus être cultivée, ils parviennent quand même à y faire pousser des noix de cajou. Des cabanes sont installées dans les arbres au milieu des plantations et permettent aux habitants de passer la nuit sur place pendant les périodes de forte activité.

 

8 réflexions sur “A l’assaut des « Garo Hills » !

  1. Les états du nord-est de l’Inde restent pour moi une région inconnue. J’ai songé y aller plus d’une fois mais ça ne ce une fois ne c’est pas encore produit. Tes billets sur le sujet m’ont donc particulièrement intéressé.
    Quand je lis des blogs à droite à gauche de voyageurs qui y ont mis les pieds, tous semblent dire qu’y voyager nécessite beaucoup plus de temps qu’ailleurs en Inde, que les transports y sont assez compliqués et les infos assez rares. Tu es d’accord avec ce constat ou pas ?

    • salut Laurent ! Merci de ton intérêt. Je ne peux te répondre que pour l’Assam et le Meghalaya, pas pour des Etats plus difficiles d’accès comme le Manipur (où il y a pas mal de problèmes de sécurité) ou le Nagaland, où je ne suis allée. Je n’ai pas trouvé que c’était tellement plus difficile de se déplacer dans la région qu’ailleurs en Inde. Il faut souvent 3 heures pour faire 100 km, mais c’est aussi le cas dans certains Etats de l’Inde centrale où les routes sont très mauvaises.
      Dans les « Khasi Hills » du Meghalaya, on croise beaucoup de touristes indiens aisés, donc il y a beaucoup d’infrastructures pour les recevoir. Dans les « Garo Hills » c’était nettement plus limité et j’ai eu un peu de mal à trouver un guide pour m’emmener dans les villages. C’est vrai que dès qu’on sort des sites les plus fréquentés, il est difficile d’avoir des infos précises sur ce qu’on va trouver sur place. En revanche, comme le Garo et le Khasi s’écrivent en caractères latins, les panneaux sont faciles à déchiffrer (c’est déjà ça de gagné !).
      J’avais aussi envisagé de m’aventurer un peu plus loin vers l’est, vers l’Arunachal Praadesh ou le Mizoram, mais c’est vrai que pour ces régions-là, on se retrouve vite avec des trajets de 12, 16 ou 18 h de bus depuis Guwahati, donc il faut avoir beaucoup de temps devant soi (ou reprendre l’avion entre les capitales d’Etat).
      J’espère que tu iras dans la région un de ces quatre et nous raconteras tout ça !

  2. Je suis fan de la cabane dans les arbres !
    A quoi sert-elle ? Habitation ou plutôt en lien avec les plantations ? Tu as pu la visiter ?
    je t’embrasse et te souhaite une bonne suite de voyage (dans des coins que je connais un peu ;-))

    • oui, tu penses bien que je suis montée dedans, moi qui adore les cabanes ! Et il y en avait plein comme ça. Elles servent d’abri aux Garo à certaines périodes de l’année, quand ils sont très occupés dans les plantations.
      Et merci pour les vœux pour la suite du voyage. Je te raconterai ça autour d’un verre de vin chaud !

  3. Tu as raconté un certain nombre d’étapes dans des tribus différentes depuis le début de ton voyage, et j’ai l’impression que c’est celle-ci la plus dépaysante. Je me trompe?
    Fais attention avec le miel de la forêt, tu m’as appris que c’était un bon moyen de faire venir le vilain démon-tigre mangeur d’hommes!

  4. oui, c’est vrai que les Garo vivent loin dans les collines et ont un mode de vie très traditionnel. J’ai beaucoup aimé leurs grandes maisons en bambou. Mais les Raika étaient bien « dépaysants » aussi, dans leur genre !
    Je n’ai pas vu de trace de démon-tigre mais on m’a raconté une histoire de fantôme de tigre assis sur une pierre en équilibre (une très grosse pierre qui repose sur une tout petite) et je pense qu’elle va figurer dans les aventures de Prakash.

  5. Bonjour et merci pour ce bel article qui me donne encore plus envie d’y aller. Nous sommes juste arrives a Shillong ce matin depuis le Tripura. J’ai plusieurs questions….
    Ou t’es-tu adressee pour trouver un « guide » ?
    Comment sont les routes la-bas ? Nous voyageons en moto et j’avoue que meme si l’on passe a peu pres partout ce n’est pas sans en payer sa rançon de fatigue et d’adrenaline…
    A partir de quelle « grande ville » peut on arriver à Sadolpara ?
    Désolee de t’embeter avec toutes ces questions pratiques mais ce serait trop dommage de passer à coté de ce bel endroit.
    Bons voyages, Cathy.

    • bonjour Cathy !
      Je découvre malheureusement ton commentaire à retardement, faute de connexion internet. Il est peut-être trop tard pour les conseils, mais j’ai logé dans un hôtel qui s’appelle Rikman continental à Tura (à 5h de bus de Guwahati), qui était très bien. Tura est la « grande » ville la plus proche des villages Garo, mais il n’y a pas grand chose à y faire autre qu’y dormir. Comme je suis arrivée le dimanche et que presque tous les habitants sont chrétiens, tout était fermé et aucun guide n’était disponible ce jour-là. Le lundi, le propriétaire de l’hôtel m’a présentée à deux fonctionnaires qui devaient justement se rendre à Sadolpara dans la journée, et ils m’ont emmenée en voiture. Il doit y avoir dans la ville une « tourist information centre » qui peut proposer des guides, mais du coup je n’y suis pas allée. Les routes pour le village n’étaient pas très bonne à cause d’un glissement de terrain qui avait eu lieu quelques semaines plus tôt, mais bon, on passait quand même en voiture. Et la visite des collines et des villages valait vraiment la peine. Beau voyage, n’hésitez pas à me raconter comme ça s’est passé pour vous !

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